Le contexte de production - Coup de pouce

Corneille écrit Le Menteur en 1643, au tout début de la Régence d’Anne d’Autriche, la mère de Louis XIV, ce dernier étant alors âgé de cinq ans. Cette pièce vient à la suite de toute une série de drames sérieux (Horace, Cinna) et sera la dernière comédie de Corneille, genre qu'il avait délaissé depuis quelque temps et par lequel il avait pourtant commencé sa carrière. Cette ultime comédie compte quelques aspects autobiographiques : le jeune Corneille venait en effet, à l'instar de Dorante, de Rouen. À son arrivée à Paris, il constate que la mort de Louis XIII va changer radicalement le contexte politique et que la noblesse de Cour va devenir l'épicentre de l'exercice du  pouvoir. En 1637, suite à la "querelle du Cid", Corneille décide de retourner à Rouen. Il y découvre La Vérité suspecte, pièce d'Alarcon alors faussement attribuée à Lope de la Vega dont il va utiliser la trame pour écrire Le Menteur. Il s’inspire de la comedia espagnole pour s'adresser à un public de Cour aristocrate alors féru d'hispanisme, dont les différents personnages du Menteur sont représentatifs. À l'instar de Dorante tout frais émoulu de sa Province et cherchant à se faire une place et un nom au soleil parisien, Corneille vise aussi à travers Le Menteur à briller auprès d'un public choisi. Cette dernière comédie de Corneille s'éloigne aussi des visées morales propres notamment aux grandes comédies de Molière : il ne s'agit plus de fustiger les mœurs par le rire et d'éduquer son public ; Dorante en effet verra tous ses désirs assouvis quand il était châtié dans la pièce espagnole. Donnée au début de l'année 1644 par les comédiens du Marais, la pièce connaîtra un succès certain au point que le dramaturge décidera d'en écrire une suite, qui, par sa grande différence de ton et de contexte, ne connaîtra pas la même réussite !